Une brève histoire du Palais Chinois
C’est à l’architecte français Alexandre Marcel que l’on doit cette construction inattendue dans le paysage qui, avec la Tour japonaise, entoure le Palais royal de Laeken. Inspirés d’édifices construits à Paris pour l’Exposition universelle de 1900, le Palais chinois fut construit avec la Tour japonaise voisine aux abords du domaine royal de Laeken, à l’initiative du Roi Léopold II, afin de témoigner des bonnes relations entre la Belgique et l’Extrême-Orient.
© Fonds Mercator
Les travaux débutèrent en 1903 et se terminèrent en 1910, un an après le décès du Roi Léopold II. Aménagé par des décorateurs parisiens, dont Georges-Louis Claude, inauguré en 1913 et tout d’abord destiné à devenir un restaurant de luxe, le Palais chinois abrita une exposition permanente valorisant le commerce avec l’Extrême-Orient. Mais, fermé pendant la première Guerre mondiale, il passa ensuite, avec la Tour japonaise, sous la tutelle du département des sciences et des arts du Musée royal d’Art et d’Histoire. Ensemble, les deux édifices devinrent alors les Musées d’Extrême-Orient de Belgique. C’est ainsi que dans le Palais chinois, le public découvrit pendant des années de belles collections d’objets précieux léguées par des collectionneurs privés à l’Etat belge.
L’extérieur et l’intérieur du palais, ainsi que les annexes et les boiseries sculptées des façades exécutées à Shanghai, furent entièrement restaurés au début des années 1990 par la Régie des Bâtiments, sous le contrôle de l’Institut royal du Patrimoine artistique (IRPA), selon le principe de restaurer plutôt que de remplacer les éléments d’origine.
Malheureusement et malgré cette restauration, le Palais chinois et la Tour japonaise furent fermés en 2013 pour pallier le manque de sécurité et de stabilité qu’ils présentaient. Depuis lors, le public n’y a plus accès et ces édifices remarquables ont continué de se détériorer malgré le fait qu’à l’initiative de la Région de Bruxelles-Capitale, une procédure de leur classement a été approuvée en 2019.
En janvier 2025, le conseil des ministres du gouvernement fédéral belge a approuvé la création d’une ASBL (association sans but lucratif) chargée de la revitalisation de l’édifice, sous le nom de ASBL Palais chinois et des Pays des Routes de la Soie. Après la restauration du Palais chinois et de son annexe, le public aura à nouveau accès à l’édifice dans lequel seront organisés des activités culturelles et artistiques.
© Fonds Mercator
Un songe d’Extrême-Asie, la Tour japonaise
et le Pavillon chinois à Laeken
par Chantal Kozyreff
En 2001, l’historienne de l’art et conservatrice au Musée Art et Histoire Chantal Kozyreff publiait un livre intitulé Un songe d’Extrême-Asie, la Tour japonaise et le Pavillon chinois à Laeken, aux Editions Fonds Mercator. En trois versions (français, néerlandais et anglais), ce livre retraçait l’histoire de ces édifices hors du commun. Bénéficiant de la collaboration de Natascha Langerman, Denis Laurent et Geneviève Defrance, Chantal Kozyreff livrait en 177 pages un texte très documenté et magnifiquement illustré. Le livre publié est malheureusement épuisé mais Chantal Kozyreff nous en offre ici une version résumée et remise à jour jusqu’à la création de l’ASBL Palais chinois et des Pays des Routes de la Soie. Qu’elle en soit chaleureusement remerciée !
Caractéristiques
et avantages du Palais chinois
Le Palais chinois est représentatif d’une mode très répandue en Europe, à la fin du XIXe siècle, pour les « chinoiseries » et les « folies », ce qui le rend historiquement et culturellement très singulier.
Il n’existe pas d’autres édifices chinois de cette qualité et de cette époque en Europe, la Belgique dispose ainsi d’un joyau patrimonial exceptionnel.
La qualité et la diversité des styles et décors intérieurs du Palais chinois, ainsi que la qualité de son annexe principale (anciennes écuries), dont les espaces sont répartis sur trois niveaux, permettent d’y concevoir des activités culturelles et animations de haut niveau. Ces possibilités d’utiliser les annexes du Palais chinois (kiosque et anciennes écuries) pour des activités culturelles ou événementielles ajoutent un atout majeur à son exploitation. Une fois remise en état, l’annexe principale sera mise à disposition des partenaires privés et institutionnels de l’ASBL Palais chinois et des Pays des Routes de la Soie.
Symboliquement, le palais représente la richesse des échanges entre l’Asie et l’Occident, comme en témoignent certains détails de son architecture et de sa décoration intérieure où des éléments du style Louis XV, Louis XVI, Empire ou Art nouveau se mêlent à ceux qui caractérisent les traditions architecturales et artisanales chinoise, japonaise et indienne.
La situation du palais, en bordure du domaine royal de Laeken et à proximité de sites touristiques majeurs (Heysel, Atomium, serres de Laeken…), présente un potentiel d’attraction et de fréquentation touristique important.
Même s’ils ne sont plus institutionnels, les liens entre le Palais chinois et le Musée royal d’Art et d’Histoire permettent d’envisager la conservation et la présentation publique d’une partie de ses collections de l’Extrême-Orient sur le site, comme c’était le cas avant sa fermeture en 2013.
Le parc qui entoure le Palais chinois, dont les plantations datent de la création de l’édifice, offre l’occasion de promenades et de détente dans un cadre admirablement entretenu par Bruxelles Environnement.
© Alexander D’Hiet
Quel avenir pour le Palais chinois ?
Il était inadmissible de laisser le Palais chinois dans un tel état d’abandon. Mais pour qu’il reprenne vie, il était essentiel de lui donner une nouvelle affectation durable et de qualité qui tiennent compte de ses spécificités architecturales, culturelles et de son statut patrimonial.
Compte tenu du manque de moyens financiers consacrés par les institutions responsables à l’entretien du Palais chinois et à son animation publique, une ASBL lui garantit désormais un bel avenir. La création de cette ASBL a été approuvée par le conseil des ministres du gouvernement fédéral belge en janvier 2025.